Le casse-tête des additifs alimentaires

Faire les courses en étant végétarien est épuisant. Vraiment. Déjà, parce qu’il faut ouvrir 50 boîtes d’œufs “frais” pour en vérifier les codes et réaliser que ce sont des œufs de batterie. Ensuite, parce que le liégeois contient de la gélatine, et la brioche du matin ou le petit paquet de biscuits acheté en douce pour compenser le repas de la cantine contiennent des trucs louches du genre “mono stéarate de glycérol d’origine végétale”, que franchement, à moins d’avoir fait une thèse en biologie moléculaire, ben on comprend pas ce que c’est.

Mais si, comme moi, vous vous efforcez d’acheter 100% végétalien, alors là, il vous faut un dictionnaire. Envie de déjeuner avec des céréales trempées dans le lait de soja ? Prenez les Corn Flakes. Ou alors, à vous de deviner, au fil des boîtes retournées ce que sont : le tocophérol, le E322, les arômes naturels ou arômes tout court sans plus de précision… Et si vous avez une envie soudaine de veggie burger, c’est encore pire : il va vous falloir apprendre à faire la différence entre sucre, dextrose et glucose, et deviner ce qui se cache derrière les sigles E471, E472e, E282 et E300. Et encore, là vous n’avez regardé qu’un seul paquet. Y’en reste une dizaine.

D’un coup, vous trouverez vachement plus simple de faire des frites avec des galettes de pois chiche et une salade verte (pas de chips car il y a du lactose dans la plupart). Et au passage, tant pis pour le ketchup ou la sauce hamburger, la moutarde fera l’affaire, une fois que vous aurez googlé les termes “sulfites”, “téguments” et “disulfite de potassium”.

Trois solutions s’offrent à vous ; vous promener avec un bouquin sur les additifs alimentaires planqué dans votre sac, utiliser un Smartphone pour aller regarder quels additifs sont d’origine animale sur Food-info.net, ou acheter au petit bonheur, vérifier en rentrant chez vous et refiler les trucs louches au voisin.

Mais quelle que soit votre solution, je vous propose aujourd’hui de faire le point sur le casse-tête que sont les additifs alimentaires, histoire d’essayer d’y voir un peu plus clair !

E comme Europe

La législation européenne impose en effet un code propre à chaque additif alimentaire : un E, suivi d’un code à trois ou quatre chiffres, parfois suivi également d’une autre petite lettre. A l’origine, les additifs alimentaires européens étaient ainsi numérotés en fonction de leur catégorie : colorant, stabilisant, épaississant… Il existe actuellement 27 catégories.

Mais, au fil du temps, ce n’est plus tout à fait vrai, étant donné que la liste des additifs alimentaires autorisés sur le marché européen ne cesse de s’allonger.

Cependant, cette classification n’est valable qu’au sein de l’Europe.

Aux Etats-Unis, les additifs alimentaires récents sont réglementés par la FDA (Food and Drug Administration) ; ceux antérieurs à 1958 sont classés dans une catégorie particulière nommée GRAS (pour Generally Regarded As Safe, c’est rassurant), et ne sont pas considérés comme des additifs alimentaires d’un point de vue légal.

Au niveau international, c’est le CODEX STAN 192-1995 qui prévaut. Il a été mis en place conjointement par la FAO (Food and Agriculture Organization) et l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), qui dépendent toutes deux de l’ONU, et est régulièrement réévalué : vous pouvez visiter le site codexalimentarius.net pour en savoir plus.

Mais revenons à l’Europe.

Les additifs alimentaires sont ainsi définis par une directive de l’union européenne :

Cette même directive, également en constante évolution, fixe également les Doses Journalières Acceptables (DJA) pour chaque additif, et stipule que la présence d’additif doit être clairement indiquée sur l’étiquette du produit, soit par son code (ex : E153) ou son nom d’usage (ici, charbon végétal).

Attention, cependant, à l’exception française ; la boulangerie, la viennoiserie, la pâtisserie et le vin, venant de l’alimentation fermentée, échappent à cette règlementation.

Cette directive fixe également depuis 2003 l’obligation de mentionner sur l’emballage la présence de produits pouvant provoquer des réactions allergiques, ainsi que la présence d’OGM si celle-ci est supérieure à 0,9%.

Cependant, cette législation a aussi ses limites ; ainsi, les solvants chimiques qui entrent dans la composition de l’additif lui-même ne sont pas indiqués. De même, lorsque la composition d’un produit indique “jaune d’œuf” ou “lait”, posez-vous la question de savoir ce que ces produits périssables contiennent déjà comme additifs (conservateurs, stabilisants, etc.) avant même d’entrer dans la composition du produit final…

Les différentes catégories

Comme indiqué plus haut, les additifs alimentaires sont regroupés en Europe au sein de 27 catégories différentes, selon l’effet recherché.

1. Régulateurs de l’acidité

Ils servent à contrôler l’acidité ou l’alcalinité d’un aliment :

Les acidifiants augmentent l’acidité d’un aliment, tant au niveau de sa saveur que d’un point de vue chimique. C’est le cas de l’acide citrique, extrait du citron.

Liste des acidifiants végétariens.

A l’inverse, les alcalins ou correcteurs d’acidité servent à limiter ou diminuer l’acidité d’un aliment.

2. Antiagglomérants

Ils sont utilisés pour éviter que les différents produits composants un aliment ne se collent entre eux, notamment dans les produits en poudre ou petits grains, en particulier ne sel le table. Citons ainsi le silicate de calcium E552, les carbonates d’aluminium E559 ou encore le talc E553b.

3. Antimoussants

Ils limitent ou empêchent la formation de mousse sur l’aliment ; c’est le cas en particulier dans les huiles de friture et certaines boissons gazeuses comme le Coca-Cola Black. Citons ainsi la vaseline E905b ou le E900 (je vous fais grâce du nom chimique).

4. Antioxydants

Egalement appelés anti-oxygène, ils évitent à l’aliment de s’oxyder à la lumière ou en présence d’oxygène, de devenir rance, de changer de couleur. Ils sont classés entre E300 et E399, avec une exception pour le E512.

Cette classe d’additifs fait débat et est soupçonnée de provoquer allergies, hépatites et cancers, notamment en ce qui concerne l’acide ascorbique E300 et les dérivés “butyl” tels que le BHT E321, présent notamment dans les purées en sachets.

Liste des antioxydants végétariens.

5. Agent de blanchiment

Ils sont utilisés pour décolorer les aliments (sauf la farine). Un seul agent de blanchiment existe : le E223, et encore est-il rarement utilisé dans ce but (il fait également office de conservateur).

6. Agents de charge

Egalement appelés agents de remplissage, ceux-ci sont très pratiques puisqu’ils permettent d’augmenter le volume d’un aliment sans modifier pour autant sa valeur énergétique : c’est le E1200 utilisé dans les produits minceur.

7. Agent de carbonation

Il s’agit du dioxyde de carbone, ou E290 (ou CO2), qui est utilisé pour la carbonation des liquides dans le but de les rendre pétillants.

8. Supports

Il s’agit en fait d’additifs utilisés dans les additifs alimentaires eux-même ! Ils sont peu utilisés.

9. Colorants

Les colorants n’apportent aucun “plus” nutritionnel ; ils constituent pourtant le groupe des additifs alimentaires les plus utilisés. Leur but est purement esthétique ; ils servent à renforcer ou modifier la couleur d’un aliment. Ils peuvent êtres chimiques ou d’origine naturelle ; mais attention, naturel ne signifie pas végétarien !

De plus, certaines substances utilisées comme colorants (ou qui peuvent avoir une action colorante) ne sont pourtant pas considérées comme telles : c’est le cas notamment des aliments séchés ou concentrés, des arômes, et des épices comme le curcuma, le paprika et le safran, ainsi que des colorants qui sont utilisés pour améliorer l’aspect d’une partie extérieure non comestible (par exemple les croûtes sur le fromage ou en charcuterie).

Vous pouvez trouver ici une liste des colorants végétariens / non végétariens ; méfiez-vous particulièrement du E120 (réalisé à partir de cochenilles, insectes écrasés) : en revanche, le E124 serait du “rouge cochenille” de synthèse, et serait donc à priori végétarien.

Enfin, il y a peu, une étude anglaise a démontré un lien entre les colorants alimentaires et l’hyperactivité chez les enfants ; si l’EFSA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) a émis des doutes quant à la validité de cette étude, il est néanmoins intéressant de constater que tous les colorants sont strictement interdits dans les aliments pour bébés…

10. Agent de rétention de la couleur

Egalement appelés fixateurs de couleur, ils permettent de maintenir ou d’intensifier la couleur d’un aliment.

11. Emulsifiants

Ils servent à assurer la stabilité d’un mélange entre deux produits à priori incompatibles ; par exemple, liaison entre l’huile et l’eau dans les sauces, fromages à tartiner… C’est le cas des fameux mono- et di-glycérides d’acides gras, ou E471, que l’on trouve quasi-partout.

Liste des émulsifiants végétariens.

12. Sels émulsifiants

Il s’agit de l’autre nom des sels de fonte, utilisés en fromagerie pour assurer une répartition uniforme des graisses et protéines dans l’ensemble du produit fini.

13. Affermissants

Les affermissants servent principalement à affermir, ou garder ferme, la peau des fruits et légumes. Mélangés à un gélifiant, il renforcent ou constituent un gel qui permet de faire “tenir” les aliments (voir plus bas). C’est le cas du E509 ou chlorure de calcium. A noter que les affermissants servent souvent en parallèle d’épaississant ou d’acidifiant, et que leur classement est assez aléatoire.

14. Exaltateurs d’arôme

Egalement appelés exhausteurs de goût ou activateurs d’arômes, ils servent à rehausser le goût des aliments. Le sel est ainsi un exhausteur très connu, ainsi que le très controverséglutamate E621.

Liste des exhausteurs de saveur végétariens.

15. Agent de traitement des farines

Ces additifs permettent d’améliorer la qualité boulangère d’une farine ou d’une pâte, mais aussi la couleur. Ils sont pourtant différents des émulsifiants et autres agents de blanchiment et n’entrent donc pas dans les mêmes catégories ; en fait, c’est plutôt flou…

Les agents de traitement des farines sont souvent faits à partir de lactate, ou acide lactique, et ne sont donc généralement pas végétaliens.

16. Agents moussant

Ils facilitent (ou maintiennent) la formation de mousse. Ils sont au nombre de quatre : E415, E942, E465 et E999, mais on ne les rencontre que rarement dans ce but.

17. Gélifiants

D’origine animale (gélatine de porc, bœuf ou poisson) ou végétale (pectine, algues telles que les carraghénanes ou l’agar-agar), ils forment un gel qui permet de donner à l’aliment une certaine consistance (sauces dans les plats préparés) ou empêcher qu’il ne retombe (dans les mousses au chocolat ou les flans industriels par exemple).

Vous trouverez ici un article assez complet sur les gélifiants de toutes sortes.

Sont notamment végétariens : E406 (agar-agar), E407 (carraghénanes), E410 (farine de graines de caroube), E412 (gomme de guar), E413 (gomme adragante), E414 (gomme arabique), E415 (gomme xanthane), E416 (gomme karaya); E417 (gomme tara), E418 (gomme gelante), E425 (konjac).

Malheureusement, pour des raisons de coût de production, la gélatine reste le gélifiant le plus souvent utilisé, et on la retrouve dans de très nombreux produits…

18. Agents d’enrobage

Les agents d’enrobage sont appliqués à la surface d’un aliment pour former une couche protectrice ou changer son aspect (le rendre plus brillant, moins collant, plus attrayant pour le consommateur). Il s’agit le plus souvent de cire (cire d’abeille E901, cire de candelilla E902…).

19. Humectants

Les humectants sont utilisés pour éviter le dessèchement des aliments, comme le pain de mie dans son emballage plastique ; ils servent également à améliorer la dissolution d’une poudre (notamment le sorbitol).

20. Conservateurs

Ils servent à prolonger la durée de vie des aliments en retardant l’apparition et la prolifération de micro-organismes responsables de sa dégradation. Ils sont classés de E200 à E299, mais de nouveaux additifs sont apparus en dehors de cette nomenclature : c’est le cas du E1105.

Liste des conservateurs végétariens.

21. Gaz de conditionnement

Ces additifs représentent les gaz, autres que l’air, qui ont été ajoutés dans un contenant destiné à contenir, ou qui contient déjà un aliment. C’est le typique “conditionné sous atmosphère protectrice” que vous trouvez inscrit au dos de la plupart des produits.

22. Gaz propulseurs

Il s’agit des gaz qui ont pour but de faire sortir un aliment d’un récipient sous pression (par exemple, la chantilly en bombe), ou qui présentent la caractéristique d’être “gazeux” (sodas, etc.). Parmi eux on peut citer l’hélium (E939), l’azote (E941), l’oxygène (E948) et le CO2 (E290), mais aussi le butane (E943a) et le propane (E944)…

23. Agents levants

Les poudres à lever permettent d’augmenter le volume d’une pâte grâce à la libération d’un gaz qui va faire lever le produit. Ces poudres sont aussi connues sous le nom d’agents de levuration.

Il s’agit en fait de levure chimique, qui ne fonctionne pas sur le même principe que la levure de boulanger (qui est un champignon induisant une fermentation de la pâte dans laquelle il est ajouté).

24. Séquestrants

Ils permettent de retarder le rancissement des graisses.

25. Stabilisants

Les stabilisants servent à maintenir l’état physico-chimique de l’aliment, notamment en stabilisant (eh oui) les phases non miscibles entre elles (comme l’huile et l’eau que nous avons vues plus haut) ; c’est aussi grâce à eux qu’une mousse ne retombe pas. Les stabilisants sont également utilisés pour conserver les aliments ou intensifier la couleur d’une denrée alimentaire.

26. Edulcorants

Les édulcorants sont des additifs ayant un pouvoir sucrant mais qui apportent peu, voire aucune calories, contrairement au sucre traditionnel.

Les édulcorants sont réputés dangereux s’ils sont consommés en grande quantité, en raison de la présence de phénylalanine ; ils sont également soupçonnés d’avoir un effet pervers sur le poids, créant une accoutumance au sucré et incitant le consommateur à vouloir toujours plus de sucre.

L’aspartame (E951) est le plus connu des édulcorants. Récemment, la découverte de la stévia permettait de relancer ce marché.

Liste des édulcorants végétariens.

27. Epaississants

Comme leur nom l’indique, les épaississants servent à épaissir un aliment, en augmentant sa viscosité, mais sans arriver jusqu’à un produit gélatineux. Pour ce faire, les amidons sont très utilisés.

Le cas particulier des arômes

Les arômes ne sont pas considérés par la législation comme des additifs alimentaires ; ainsi, ils ne doivent pas se soumettre aux tests toxicologiques de l’Autorité Européenne de Sûreté des Aliments (EFSA). De même, il n’existe pas de liste regroupant tous les arômes, comme c’est le cas pour les additifs alimentaires. Toutefois, comme pour ces derniers, la présence d’arôme-s dans un produit doit être signalée sur l’étiquette.

Qu’est-ce qu’un arôme ?

Un arôme est une senteur, perçue par les organes du goût, et qui caractérise spécifiquement un aliment : on parle également de “flaveur”.

Mais parler d’un ensemble de senteurs subtiles serait plus juste ; un arôme est en réalité composé de nombreux composés volatils qui, lorsqu’ils sont assemblés, caractérisent l’odeur particulière d’un aliment. Ainsi, l’arôme “fraise” comporte plus de 300 composés ; et il y en a autour de 500 pour le café !

Tous ces composés odorants doivent pouvoir passer de l’état liquide à l’état gazeux, afin d’atteindre les récepteurs olfactifs du nez lorsque l’on mange ; c’est la rétro-olfaction.

Les différents types d’arômes

Les arômes peuvent être d’origine naturelle (extraits de fruits et végétaux) ou de synthèse. Il existe différentes catégories d’arômes (qui jouent sur les mots et ne sont pas franchement très claires) :

Les arômes naturels : ils sont obtenus directement à partir des matières premières végétales (plantes, fruits, fleurs…) ou animales, le plus souvent par distillation à la vapeur ou expression à froid (c’est le cas pour les agrumes). Ils peuvent ensuite être utilisés tels quels, ou après des opérations de séchage, torréfaction, fermentation…

Les arômes identiques aux naturels : réalisés de synthèse, ils sont chimiquement identiques à l’arôme naturel.

Les arômes artificiels : ils sont obtenus par synthèse chimique ; ils ont des propriétés aromatisantes caractéristiques, mais n’ont pas la même composition chimique que l’arôme naturel qu’ils copient.

Les arômes de transformation : ils sont obtenus par chauffage (à 180° et pendant 15 minutes maximum) d’un mélange d’ingrédients comprenant de l’azote et un sucre réducteur, mais qui ne possède pas nécessairement de propriété aromatisante à la base.

Les arômes de fumée : sont issus de fumées de feu de bois ; ce sont des extraits de fumée utilisés pour “fumer” artificiellement les aliments (tofu fumé, tempeh fumé…)

L’étiquette, entre réalité et dissimulation

Maintenant que l’on a débroussaillé les différentes catégories d’additifs alimentaires, nous sommes théoriquement au point pour aller affronter les étiquettes de nos produits courants. Car comme le stipule la directive européenne, toute présence d’additif au sein d’un aliment doit être mentionnée sur l’emballage.

Quelques trucs à savoir

En Europe, les termes “yaourt” et “yoghourt” sont des appellations contrôlées ; ils désignent des produits laitiers transformés à partir de ferment lactiques spécifiques, et conviennent donc aux végétariens.

En revanche, les “spécialités laitières”, même très ressemblantes aux yaourts, ne répondent pas à cette appellation contrôlée et peuvent donc contenir de la gélatine, des épaississants, etc. C’est très souvent le cas des liégeois, activia, bifidus et autres produits allégés.

En France, la mention “jus de fruit” interdit d’ajouter de l’eau, des colorants et des édulcorants ; sinon, on parle de “nectar”. Seuls les acidifiants et conservateurs y sont autorisés.

Il est également interdit de mettre sur un emballage la représentation d’un fruit si le produit ne contient pas l’arôme naturel de ce même fruit (même si des dessins stylisés sont parfois autorisés). Ainsi, l’absence de fruits sur des yaourts aux fruits nous oriente vers des arômes de synthèse.

Et puisqu’on s’intéresse aux arôme, la mention : “arôme naturel (de cerise)” indique que l’arôme est uniquement extrait de la cerise. La mention “arôme naturel”, sans plus de précision, indique que l’arôme peut être issu d’un mélange de matières végétales. Enfin, la simple mention d’un “arôme” ou “arôme de cerise” indique que celui-ci est d’origine synthétique.

Cependant, la directive européenne stipule que seuls les ingrédients et additifs entrant directement dans la composition du produit doivent figurer clairement sur l’emballage.

Or, la composition des additifs elle-même n’est jamais mentionnée ; c’est le cas en particulier des solvants utilisés pour l’extraction de arômes. De la même façon, les conservateurs, stabilisants et autres additifs des ingrédients entrant dans la composition de la recette (œufs, produits laitiers, mais aussi huiles végétales, légumes dans les plats préparés…) ne sont jamais mentionnés.

Enfin, concernant la mention d’allergènes sur les étiquettes, un dossier complet est disponible en cliquant ici.

Les additifs alimentaires dans la filière bio

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les additifs alimentaires ne sont pas interdits dans les produits biologiques. Mais du fait du cahier des charges très strict des produits biologiques, seuls quelques-uns sont autorisés :

  • Colorants : seul le carbonate de calcium E170 (colorant blanc) est autorisé. Il est parfois extrait d’os d’animaux, et n’est donc pas forcément végétarien.
  • Acidifiants : E330, E333, E334 et E335. Ils sont extraits de fruits ou de vin, et sont donc végétariens / végétaliens.
  • Conservateurs / antioxydants : E290, E296, E300, E306, E322, E336 et E341. Parmi eux, le E322 est douteux, car parfois extrait d’œufs ou de graisses animales.
  • Epaississants : les E400, E401, E402, E406, E407, E410, E412, E413, E414, E415, E416 et E440. Tous sont végétariens !
  • Antiagglomérants : E500, E501, E503, E504, E516, E524. Là aussi, tous sont végétariens.
  • Gaz d’emballage : E938, E941, E948.

Pour aller plus loin

Le site Science-citoyen de l’Université de Strasbourg vous propose quelques décryptages d’étiquettes ; enfin, sachez qu’il existe des ouvrages qui se sont penchés sur la question, notamment :

Décrypter les étiquettes alimentaires, 600 additifs passés à la loupe, de Yves Brunellière, aux Editions City. Comptez environ 13€ si vous l’achetez neuf.

Plus de détails sur le livre ici. A noter qu’il comprend un étiquetage clair qui indique si l’additif est produit à partir d’animaux, de quel type d’animaux il s’agit (bovins, porcs, poissons, insectes), de lait, d’œufs. La dangerosité des additifs est également mentionnée et expliquée ; enfin, il est précisé si l’additif en question est autorisé en France ou non ou, à défaut, dans d’autres pays.

A noter qu’Yves Brunellières est également le webmaster du site WebAdditifs sur lequel je suis allée chercher les listes d’additifs végétariens.

Voir la page Facebook.

L’Angleterre, figure d’exception

Si la législation anglaise reflète plus ou moins globalement la législation de la Communauté Européenne en manière d’étiquetage des produits alimentaires, elle s’en distingue cependant par des différences notables.

Tout d’abord, le système dit des feux de signalisation”, qui permet en un clin d’œil d’évaluer la quantité de sel, sucre et gras contenu dans un produit en fonction d’une pastille de couleur correspondante. Les produits bénéficiant d’un point verts sont les plus sains, ceux avec un point rouge les plus mauvais pour la santé ; entre ces deux catégories, les produits ayant un point jaune représentent une espèce de compromis. A priori donc, plus besoin de déchiffrer les étiquettes ; regarder la couleur de la pastille apposée dessus suffit pour avoir une idée de la qualité des produits que l’on achète, et de ce qu’ils contiennent.

Mais ce système est très controversé par de nombreux médecins en Angleterre ; car en effet, en remplaçant le sucre par des édulcorants et le sel par du glutamate, les industriels arrivent à jouer sur les chiffres et trompent le consommateur. Ainsi, le coca light par exemple bénéficie d’un point vert, tandis que le jus de fruits se voit infliger un point rouge…

L’Union Européenne a d’ailleurs débattu sur ce système d’étiquetage, mais l’a finalement définitivement écarté. En cause, outre la possibilité de jouer sur les chiffres et de tromper le consommateur, les détracteurs de ce système dénoncent une déresponsabilisation de ce dernier ; “c’est vert, j’achète”, sans se poser plus de questions sur la nature réelle du produit. Système de pensée qui contribuerait à évincer les produits estampillés d’une pastille rouge car ils seraient vus comme “interdits”.

Concernant le végétarisme en revanche, l’Angleterre a une réelle longueur d’avance sur le reste de l’Europe. J’aime beaucoup l’article de Veggie Bulle sur ce sujet, qui écrit avec humour qu’il aussi facile d’être végétarien à Londres que d’acheter un jambon-beurre à Paris ! Et en effet, les produits pouvant être consommés par des végétariens affichent clairement la mention suitable for vegetarians ou même suitable for vegan (convient aux végétariens / végétaliens). C’est d’ailleurs une notion qui commence tout doucement à apparaître en France ; je l’ai aperçue notamment sur les compotes vendues dans les Subway, mais aussi plus récemment (et avec surprise !) sur des emballages de pizzas surgelées Dr. Oetker (pizza Funghi Ristorante et pizza Végétale Ristorante) et de tartes flambées surgelées Friedrich (Flammenkueche aux champignons). Et même sur l’une des deux soupes proposées par la machine à café sur mon lieu de travail !

Certains sites internet (ici, celui de Kellog’s) commencent à suivre cet exemple :

Un peu de cyclamates dans ton café ?

Il reste à espérer que les mentions “convient aux végétariens” ou “convient aux végétaliens” deviennent de plus en plus fréquentes en France dans les années à venir. Car c’est tout de même un confort de savoir quel produit il est possible d’acheter sans se casser la tête ! En attendant, patience et détermination seront nécessaires pour déchiffrer les étiquettes…

Pour ce faire, je vous recommande chaudement le livre d’Yves Brunellières, évoqué plus haut, et qui ne quitte plus mon sac à main ; les additifs y sont classés par numéro, et un index alphabétique permet de les retrouver en cherchant leur nom complet. Il est régulièrement remis à jour et réédité et, plus important, il est facilement lisible et très clair.

Et pour la petite histoire, les cyclamates sont l’acide cyclamique et ses dérivés. Il s’agit d’édulcorants, interdits aux Etats-Unis et en Angleterre, mais autorisés en France ; des tests en laboratoire, sur des rats, ont montré des conséquences sur le système reproducteur (notamment une atrophie des testicules). Les cyclamates sont suspectés d’être cancérigènes, et c’est une quasi-certitude lorsqu’ils sont mélangés avec la saccharine (E954).

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